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Le Roi Ayi du Togo
   
Propos recueillis par Avraham Azoulay
LPH a rencontré, à Jérusalem, grâce à Haïm Rosenfeld, un personnage dont la foi et la détermination ne peuvent qu'interpeller surtout lorsque l'on sait son statut: Sa Majesté le Roi Ayi du Togo. En effet, le roi Ayi n'est pas un roi comme les autres.
Il a été couronné à Washington en 1994, lieu de son exil, Roi des Rois d'Afrique par des centaines de tribus d'Afrique de l'Ouest. C'est son grand-père, lui-même roi, qui en a décidé ainsi appuyé par l'ensemble des près de 90 millions de sujets sur lesquels le Roi Ayi règne aujourd'hui. En raison de la situation sécuritaire en Afrique de l'Ouest, il réside en exil encore de nos jours. Mais s'il y a une chose qu'il n'a jamais cachée, c'est sa judaïté, qu'il revendique depuis des générations.
Avec sa kippa et son talit katan, le Roi Ayi, a décidé de se lancer dans la réalisation de son rêve: faire reconnaitre son peuple comme Juif et le rapprocher d'Israël. Il est aidé en ce sens par Haïm Rosenfeld, qui depuis Israël et par ses nombreux voyages en Afrique, œuvre pour ces retrouvailles.  
 

Roi Ayi: Cela fait juste un an que j'ai effectué mon premier voyage en Israël. Depuis, je suis venu huit fois. Mon père et mon grand-père m'ont toujours transmis que nous étions juifs. Nos enseignants au Togo, nous apprennent que nous sommes juifs. Avant que le Togo ne devienne une République, nous étions ''le Royaume Juif d’Afrique de l’Ouest''.
J'ai toujours été très attiré et attaché à Israël. A l'âge de 15 ans déjà, je disais à mon père que je voulais m'enrôler dans l'armée israélienne. Le premier jour où j'ai mis les pieds en Israël, l'année dernière, je suis allé à Tibériade et j'ai appelé mon père pour lui dire que je me sentais chez moi. Ce à quoi il m'a répondu: ''Mon fils, tu es chez toi. Ton sang a commencé ici, tes ancêtres sont nés ici''.
 
Lph: Comment cette judaïté se manifeste-t-elle au quotidien?
Roi Ayi: J'ai eu la brit mila à l'âge de huit jours. Tous les soirs, mon père me faisait lire les Dix Commandements, il me demandait aussi de lire la Torah. C'est en moi depuis toujours. Nous avons gardé beaucoup de traditions au Togo et en Afrique occidentale: nous célébrons Rosh Hashana, nous ne mélangeons pas le lait et la viande, nous ne mangeons pas les poissons sans écailles, par exemple.
 
Lph: Avez-vous toujours ouvertement revendiqué cette judaïté?
Roi Ayi: Oui, j'étais appelé comme le roi Juif. Et d'ailleurs quand je vais faire des discours devant les Chrétiens, je porte toujours mon talit et ma kippa. Il ne faut jamais cacher qui on est.
 
Lph: Vous venez aujourd'hui en Israël présenter un projet. Lequel?
Roi Ayi: J'avais fait le vœu de retrouver les tribus perdues d'Israël en Afrique. Nous sommes issus des 10 tribus perdues d'Israël. Nous avons de bonnes raisons de penser qu'au moins la moitié de mes sujets sont les descendants d'au moins quatre de ces tribus.
Ainsi, en 2005, je suis venu des Etats-Unis, en Afrique, pour organiser une conférence qui a réuni tous les chefs de tribus, les rois et les reines. J'ai lancé un appel pour qu'ils reconnaissent tous ce qu'a fait Hachem, ce qu'est Israël. Et je leur ai promis de les emmener en Israël.
Ainsi, je prévois pour Souccot, un grand rassemblement, en Israël, d'au moins 2000 têtes couronnées africaines dont l'immense majorité est juive. Je souhaite les faire venir au Kotel et que nous récitions  tous ensemble ''Shema Israël'', que nous proclamions l'unicité et la grandeur de D'.
Par la suite, j'aimerais faire venir encore plus de monde. J'ai aussi comme idée de fonder un musée en Israël, sur notre histoire, celle des Juifs africains ou encore mettre en place une radio émettant d'Israël vers l'Afrique.
 
Lph: Comment êtes-vous accueilli ici?
Roi Ayi: Les Rabbins ici m'ont très bien accueilli. Le Rav Kaniewsky a prié pour moi, j'ai aussi rencontré le Rav Mazouz, le Rav Shmouel Eliahou et d'autres. A chaque fois, ce furent des rencontres cordiales et fructueuses.
J'ai également pu échanger avec le Ministre des Cultes, David Azoulay, qui m'a aussi très bien reçu.
 
Lph: Etes-vous optimiste quant à l'acceptation totale de vos sujets comme Juifs?
Roi Ayi: Il est vrai que pour le moment, Israël n'est pas encore réellement prêt à nous accepter sans réticences. Mais je dis à mes sujets qu'il faut être patient et faire les choses progressivement. Je ne sais pas quels sont les chemins qu'Hachem a choisis pour nous. Je suis, cependant, convaincu que nous devons nous en remettre à Lui. Tout est dans Ses mains.   
 
Lph: Vous sentez-vous ambassadeur d'Israël à travers le monde?
Roi Ayi: Je le suis depuis mon enfance. Je me sens encore davantage l'ambassadeur d'Hachem, nous le sommes tous, puisque nous sommes Ses enfants. C'est Lui que je veux glorifier. Je veux que les Juifs du monde entier se tournent vers Lui, Sa capitale Jérusalem, la capitale du monde. Nous sommes la lumière du monde. Quand nous nous rebellons contre D', nous sommes attaqués. Nous avons une mission: être la justice, la droiture, la lumière. C'est ce que nous devons faire au quotidien.  
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